au chaud dans ma maison

Je crois qu'on est bien tous au courant, demain c'est la "Journée de la Femme". Saugrenue? Idiote? Indispensable? On célèbre donc la moitié de l'humanité (et quelle moitié...) comme on rappelle l'existence d'un fléau, on fête l'anniversaire d'un heureux événement dont le souvenir se perd dans les brûmes des siècles passés* ou l'on fait la promotion d'une marque de café rebondissant sur une idée pétainiste**.

Mon zapping matinal rituel m'a conduit vers 8h20 sur Canal où un certain Alain Touraine présentait son dernier opus: Une société de femmes que son éditeur présente comme suit:

Voilà un livre magistral, novateur, passionnant de bout en bout, hommage aux femmes, certes, mais aux antipodes du féminisme traditionnel autant que du discours moralisant sur le rôle prétendument en retrait du « sexe faible ». Avec cet essai, Alain Touraine clôt un cycle d’études consacrées à la compréhension de la société nouvelle qui se met en place sous nos yeux.

Je pense que je vais investir.
J'aime bien la Matinale sur C+, les sujets et les invités sont de qualité et les questions intelligentes. Seul bémol: les journalistes/animateurs (Bruce Toussaint et cie) ont des goûts musicaux que je qualifierai personnellement de chiottes, que ce soit dans la rubrique disque ou dans le "son du jour", ils n'ont jamais présenté un seul morceau que j'aie ai trouvé supportable. Si quelqu'un pouvait leur signaler qu'il existe autre chose que le RnB, la soul et le rap, mes oreilles lui en seraient reconnaissantes.

Revenons-en aux femmes, et notamment à Alain Touraine qui signalait des évidences telles que le fait que l'on dise aisément, sans même sursauter: madame la concierge mais madame le recteur, madame le proviseur... Je suis plutôt récalcitrant à l'idée très en vogue notamment au Québec et chez certaines lesbiennes (j'allais ajouter à moustache, mais je ne voudrais pas me mettre les chroniqueuses de Pink TV à dos) d'inventer des féminins que la langues française ignore en parlant par exemple d'auteure (je trouve ce mot très moche, je connais des chanteuses, des actrices mais pas de directeure ou de tuteure), et madame LA ministre suffit à mon oreille.

Il est par contre une coutume qui m'a toujours énervé au plus haut degré (il m'en faut peu) et que je trouve on ne peut plus dégradante, le pire étant que les femmes concernées sont les premières à l'utiliser. Ainsi dans mon précédent job, j'ai eu l'occasion de disposer du numéro de portable de Madame François Pinault. D'accord Maryvonne n'est pas le prénom le plus sexy qui soit mais tout de même!
(Lorsque j'adresse un courrier à couple marié, j'écris systématiquement les 2 prénoms sur l'enveloppe, ayant tendance à commencer par celui de l'épouse, je sais je suis un grand rebelle!) Le comble, à mon avis, c'est lorsque la dame en question est veuve, et donc enfin débarrassée de son encombrant mari, vous croyez qu'arborer le nom du facheux ou de la sommité dont elle a porté et élevé la progéniture (enfin, elle a au minimum veillé à ce que la gouvernante fasse son boulot correctement) suffirait, eh bien non! Ainsi lit-on dans le hall de Beaubourg que le centre a été inauguré (à 2 reprises suite aux travaux effectués dans les années 90) par Madame Georges Pompidou. Non! George Pompidou n'est pas mort d'un cancer qu'il avait caché à la France! Il s'est fait opérer des bijoux de famille dans une clinique brésilienne et il coule une retraite heureuse avec une perruque bleu électrique sur la tête à inaugurer du béton et des tuyaux multicolores!

Il existe néanmoins à mon humble avis un cas qui fait exception . J'aimerais bien, voire beaucoup, que l'on rappelle à la reine Bernadette 1ère, qui d'ailleurs malgré sa particule n'a pas plus de sang bleu que notre bon Premier Ministre, et qui en notre royaume défait les préfets et fait les présidents de France Télévision, qu'une fois sortie de sa circonscription corrézienne, elle n'est jamais que Madame Jacques Chirac.


*: à ce sujet, pensez-vous que l'on continuera à fanfaronner tous les 11 novembre lorsque les 5 derniers poilus auront rejoint leurs dernières tranchées? Et si oui, jusqu'à quand? Est-on à ce point nostalgique? On ne fête pas (plus?) Azincourt, Marignan, Austerlitz... On pourrait dans un esprit plus européen et positif célébrer la création de la communauté, la chute du mur de Berlin (oui j'ai regardé Arte hier soir...), la naissance de Jean-Paul II...

**: la fête des mères est née sous l'occupation, celle des grands-mères dans une cafetière.